Prise en charge d'un patient en Orthopédie

I. Bilan

Si rhumato. définir la patho.

    1. Interrogatoire

    2. Histoire de la maladie (HDM)

    3. Antécédents (ATCD)

    4. Mode de vie (MDV)

    5. Bilan cutané trophique vasculaire (CTV)

État de la peau, cicatrices (longueur, couleur, adhérente, rétractile, renseigne sur la voie d’abord).

Tableau du score de Vancouver :
  Score

Correspondance clinique

Adhérence 0 Normal
1 Pli facile
2 Pli difficile
3 Pas de pli
Rétraction 0 Normal
1 Apparaît au mouvement extrême
2 Peu déformante
3 Fixe la déformation

Œdème, amyotrophie
Signes inflammatoires
Signes de phlébite : douleur spontanée dans le mollet d'apparition brutale, "signe de la pancarte" (FC ne monte pas en rapport avec la température : normalement, une montée d'1°C de température, fait prendre 10 à 15 pulsations cardiaques), signe de Homans (douleur à la dorsiflexion du mollet), perte du ballant du mollet, douleur à la palpation douce de la pointe du mollet. Chez tout patient alité, qui ne se lève pas, il faut vérifier les signes de phlébite, même s'il ne se plaint de rien.
Autres troubles vasculaires : notamment si artéritique, il faudra faire du travail actif dynamique, pas de statique.

    6. Bilan articulaire

Qualitatif (bruits articulaires, fluidité, sensation de fin de course) et quantitatif (amplitude articulaire)

Les différentes sensations perçues en fin de mouvement articulaire (d’après Cyriax) :
Osseuse Deux surfaces dures rentrant en contact, arrêt brutal ne pouvant être prolongé, indolore (ex : extension du coude).
Capsulaire Sensation soyeuse, comme si on pouvait aller plus loin (ex : prono-supination).
Approximation tissulaire Contact de parties molles (ex : dans la flexion du coude ou du genou).
Spasme Le mouvement est arrêté par une contraction musculaire volontaire ou inconsciente, en réponse à un étirement douloureux.
Blocage « élastique » Blocage intra-articulaire avec sensation de rebond (ex : blocage méniscal du genou).
Absence Le mouvement, douloureux est stoppé par le patient (réaction de retrait).

Comparatif avec le côté opposé
Comparatif avec les valeurs données par le chirurgien
Attention aux mouvements interdits !
Ex : pas de rotation de hanche avec un clou centro-médullaire fémoral non-verrouillé, mouvements luxant dans les PTH...
Faire également le bilan des articulations sus- et sous-jacentes
Ne peut se faire réellement (car en passif) qu’a partir de la consolidation en cas de fracture.

    7. Bilan musculaire

Qualitatif (contractures, amyotrophie, contractilité) et quantitatif (force, amplitude articulaire)
Noter la latéralité surtout pour un membre supérieur (fondamental).
Comparatif avec le
côté opposé
Faire également le bilan des articulations sus- et sous-jacentes
On parle d’évaluation mais pas de testing (réservé à la neuro-périph.)

    8. Bilan orthopédique et fonctionnel

Attitude spontanée, noter les attitudes vicieuses (si le patient est toujours au fauteuil quand on arrive il est bon de regarder au moins une fois son attitude spontanée au lit)
Degré d’autonomie
Évaluation des transferts
Évaluation de la marche, avec ou sans aides, en avant, en arrière
Escaliers
Pour une main, quels types de préhension sont possibles ? (encore plus si c’est le côté dominant).
Vérifiez qu’au cours des activités que le patient dit pouvoir faire normalement il n’y a pas d’escamotage.

    9. Bilan respiratoire

S’il s’agit du tronc.

    10. Bilan de la douleur

 
Spontanée : douleurs résiduelles.
contractures musculaires.
(pour les PTH, attention aux complications : luxation, décèlement, infection ® noter l'horaire (inflammatoire ou mécanique), la date d'apparition par rapport à l'intervention).
le nombre d’antalgiques et d’AINS est un bon indicateur du niveau douloureux.
EVA.
Provoquée : à la palpation.
à la mobilisation.
EVA.

    11. Signes particuliers à certaines pathologies et/ou certaines articulations

Ex 1: luxation antéro-interne d’épaule : signe de l’épaulette...
Ex 2 : dès que l’épaule est un peu âgée (si la patho le permet), regarder l’état de la coiffe avec le Jobe, Gerber...
Ex 3 : syndrome rotulien : signe de Smillie, signe de la baïonnette....                                                                                    

    12. Profil psychologique

Tout ce qui va faciliter ou perturber la rééducation

NB : si lors de l’intervention ou du traumatisme initial, il se greffe des complications nerveuses (étirement ou section d’un nerf), ne pas oublier de faire le bilan de la sensibilité aussi bien superficielle que profonde.

 

II. Traitement

    1. Principes

Ils sont définis par les ATCD, le type d’intervention, et la date à laquelle on se trouve depuis l’intervention, les poussées inflammatoires si on est dans le cadre d’un rhumatisme inflammatoire...

Ex : on ne met pas un cardiaque sur le ventre
attention aux mouvements luxant pour une PTH...

On peut souvent distinguer trois phases de rééducation :

 

  1. La phase de post-opératoire immédiat : correspond au temps d’hospitalisation, environ 10 à 15 jours. (dans le cas d’entorse de cheville, on n’a rarement cette phase)
  2. La phase de pré-consolidation ou pré-cicatrisation : mobilisation active ou active aidée, sans passif, sauf s’il s’agit d’une fracture du dos, pas de mobilisation du tout avant consolidation.
  3. La phase de post-consolidation ou post-cicatrisation.

    2. Objectifs

Ils sont définis par le bilan de l’autonomie avant l’intervention ou le traumatisme (obtenu à l’interrogatoire), et le mode de vie (travail de force ou plutôt assis, niveau sportif, latéralité+++ si membre sup. etc). Ils sont à voir en concertation avec le patient, à court terme et à long terme. 
Il peut s'agir de chercher à revenir à l'état antérieur (ex : après une fracture, surtout chez un jeune sportif), d'améliorer la situation du patient (ex : une ablation d'ostéome a pour but d'augmenter l'amplitude articulaire pour rendre le membre plus fonctionnel, une prothèse de hanche a pour but d'augmenter le périmètre de marche, de diminuer la douleur....) ou enfin dans le cadre de pathologies rhumatismales évolutives, il peut s’agir simplement d’éviter l’aggravation des déformations, éviter qu’elles n’apparaissent...

    3. Moyens

CTV et douleur : massage, glace, bains écossais, électrothérapie.
Articulaire
1 : massage-mobilisation (notamment les mains et les pieds), travail analytique, travail en chaîne, posture
Musculaire
1 : travail analytique, en chaîne, en décharge, en charge, en proprio.
Fonctionnel : transferts, marche, escaliers, travail des préhensions pour les mains....
Si les capacités intellectuelles du patient le permettent, auto-rééducation avec postures, travail musculaire, déambulation si possible.
Il est bon de proposer des exercices qui font à la fois articulaire et musculaire, ou articulaire et fonctionnel ... c’est-à-dire qui couvrent plusieurs objectifs.

 

III. Temps de consolidation selon les os

    1. Membre supérieur

Clavicule : 4 à 6 semaines.
Scapula : 4 à 6 semaines.
Humérus :
extrémité supérieure : 45 jours.
diaphyse : 2 mois.
extrémité inférieure : 45 jours.
Olécrane : 6 semaines.
Coronoïde : 6 semaines.
Tête radiale : 4 à 6 semaines.
Diaphyse des 2 os de l’avant-bras : 3 mois.
Extrémité inférieure du radius : 45 jours.
Scaphoïde : on dit 3 mois mais en fait on n’en sait rien.
Métacarpiens : 6 semaines si ttt chir., 1 mois, si ttt ortho.
P1 : radiologiquement 6 à 8 semaines, cliniquement 1 mois.
P2 : radiologiquement 8 à 10 semaines, cliniquement 1 mois.
P3 : radiologiquement 10 à 12 semaines, cliniquement 1 mois.

    2. Membre inférieur

Fémur :
extrémité supérieure : 3 mois.
diaphyse : entre 3 et 5 mois, selon les bouquins.
extrémité inférieure : 3 mois.
Rotule : 45 jours.
Diaphyse des 2 os de la jambe : 3 à 6 mois.
Plateaux tibiaux : 3 mois.
Fracture bimalléolaire : 3 mois. (appui peut-être envisagé à 2 mois et demi).
Calcanéum : 3 mois.
Astragale : 3 mois.

 

IV. Temps de cicatrisation

    1. Ligaments et muscles

6 semaines.

    2. Peau

3 semaines.

 

V. Amplitudes articulaires dans la vie quotidienne

    1. Membre supérieur

NB : Pour une bonne part, ces mesures, je les ai prises moi-même, sur ma mère qui m'a gentiment servi de "cobaye". Je pense qu'elle est un bon sujet pour ces mesures, maintenant il est évident que ça n'est pas parole d'Évangile. 

Sujet droitier.
Gestes Gléno-humérale Coude Poignet Prono-supination
ABD ADD RI RE Pronation Supination
Enfiler une chemise 1er bras 60° 10°     35°              
2e bras   30° 90° 10° max. max.            
Enfiler un T-shirt                        
Mettre son pantalon                        
Mettre ses chaussettes                        
Faire la toilette du tronc et des bras                        
Se coiffer 100°   100°     max.            
Se brosser les dents                        
 


NB : Pour les types de préhension, ça dépend bien sûr de la taille des objets.

Types de préhension Poignet (extension) MP (flexion) IPP (flexion) IPD (flexion) MP du pouce (flexion) IP du pouce (flexion)
Pulpo-pulpaire 35° 75° 40° 20° 30°
Unguo-unguéale 30° 50° 80° 35° 10° 90°
Pulpo-latérale 30° 50° 90° 40° 30°
Prise de force 40° 90° 90° 30° 30° 40°
Prise en crochet 30° 80° 90° 20° 20°
Digito-pulpaire 65° 80° 10° 40°

    2. Membre inférieur

a) Amplitudes lors de la marche

Hanche :
30° de flexion.
15° d’extension.
5° d’abduction et d’adduction.
5° de rotation interne et externe.
Genou :
70° de flexion.
0° d’extension.
il faut avoir la rotation automatique.
Pied :
Articulation tibio-tarsienne : de 20° de flexion à 15° d’extension.
Articulations métatarso-phalangiennes : 70° d’extension.

b) Amplitudes dans des gestes courants

Gestes Hanche Genou Tibio-tarsienne
ABD ADD RI RE
Mettre son pantalon                    
Mettre ses chaussettes                    
Monter un escalier 70°           80° 15° à 20°  
Descendre un escalier 30° -10°         100° 20° à 30°  
S’asseoir sur une chaise 90°           90° à 95°   10°  
Se relever d’une chaise              
S’asseoir dans un fauteuil 100°           100° à 110°      
Se relever d’un fauteuil                
Se mettre à genoux 90° -20°         95°     max.
S’accroupir 90°           120° à 130°   max.  
Monter sur le vélo                    
Faire du vélo             110° à 120°      
Courir à faible allure             90°      
Courir à vive allure             145°      

 

VI. Annexe

Ces tableaux sont extraits des annales de kinésithérapie, 1999, t.26, n°4

Procédure n°2 bis
Indice n°1
Indicateurs qualitatifs d’évaluation des soins de rééducation en orthopédie Réalisée le 01/09/97

1/2

AMPLITUDE

APPUI

0 si l’amplitude du mouvement est complète/sain
1 s’il manque moins de 25% de l’amplitude complète
2 s’il manque moins de 50% de l’amplitude complète
3 s’il manque moins de 75% de l’amplitude complète
4 s’il manque 100% de l’amplitude complète

0 si l’appui est total
1 si l’appui est = 75%
2 si l’appui est = 50%
3 si l’appui est = 25%
4 sans appui

DOULEUR VERROUILLAGE
0 aucune
1 légère
2 modérée
3 sévère
4 intolérable
0 verrouillage homogène du quadriceps (VI/ VE/ DA)
1 verrouillage du quadriceps avec flessum actif = 10°
2 verrouillage du quadriceps avec flessum actif > 10°
3 contraction du quadriceps sans décollement de la jambe
4 sidération du quadriceps


Procédure n°2 bis
Indice n°1
PMSI
Indicateurs qualitatifs d’évaluation des soins de rééducation en orthopédie Réalisée le 01/09/97

DÉPENDANCE DES MEMBRES SUPÉRIEURS
Activités de la vie quotidienne
DÉPENDANCE DES MEMBRES INFÉRIEURS
Transferts
Activités :
habillage
alimentation
toilette
Activités :
transfert lit-chaise-fauteuil roulant
transfert toilettes
transfert douche
locomotion
utilisation des escaliers
0 indépendance complète
s’habille et si déshabille seul, utilise les ustensiles de table
1 indépendance modifiée
utilise des aides techniques ou adaptation, prend plus de temps que la normale
2 supervision ou arrangement
requiert une supervision (présence, suggestion, stimulation)
3 assistance partielle
nécessite une aide partielle pour effectuer l’une de ces 2 activités
4 assistance totale
0 indépendance complète
effectue seul l’ensemble de ses déplacements, de ses transferts
1 indépendance modifiée
utilise des aides techniques ou adaptation, prend plus de temps que la normale
2 supervision ou arrangement
requiert une supervision (présence, suggestion, stimulation)
3 assistance partielle
nécessite une aide partielle pour effectuer l’une de ces 4 ou 5 activités
4 assistance totale





1 Faire varier les positions du sujet : couché, assis, debout.